Les études de modulation de l’excitabilité spinale permettent de comprendre les mécanismes neuronaux sous-jacents de certains comportements moteurs.
Par Dre Murielle Grangeon, PhD, Kin, Admin.A.
Fondatrice et Présidente Directrice Générale du centre de réadaptation Neuro-Concept Inc.
Experte et chercheure Santé, Technologie, Innovation
Chargée de cours, UQAM, KIN3760 Rééducation motrice
Formatrice chez Neuro-Académie
La littérature scientifique a mis en évidence que les déterminants neurophysiologiques (réflexe H, l’activation musculaire) ainsi que le système musculaire (phénotype, infiltration de gras) semblent particulièrement préservés chez les personnes actives, y compris chez les personnes âgées. Cet état a été corrélé à la force musculaire observée et l’intégrité du système nerveux central. Mais qu’en est-il chez la clientèle neurologique qui présente des troubles du système nerveux central et plus particulièrement la clientèle avec des lésions médullaires?
Les études de modulation de l’excitabilité spinale permettent de comprendre les mécanismes neuronaux sous-jacents de certains comportements moteurs. Pour ce faire, les chercheurs utilisent la SMT (stimulation magnétique transcrânienne), une technique non-invasive de neurostimulation et de neuromodulation. Le principe repose sur l’induction électromagnétique d’un champ électrique dans le cerveau via une impulsion magnétique brève délivrée à travers une bobine présentée au-dessus du crâne au niveau des zones cérébrales testées. Outil d’exploration diagnostique des conductions cortico-spinales motrices et de l’excitabilité du cortex moteur, la SMT permet donc d’étudier la propagation de l’information nerveuse du cortex jusqu’aux nerfs périphériques.
Dans le cas de l’analyse de l’excitabilité de la voie cortico-spinale, la SMT à choc unique (une impulsion à la fois) est l’outil utilisé avec la technique des potentiels moteurs évoqués (détermination d’un seuil moteur et de la durée de période de silence). Ce seuil moteur est défini par l’intensité de stimulation permettant d’obtenir en moyenne 50% de potentiels moteurs évoqués dans une série de 10 stimulations du cortex moteur.
Avec ces techniques, l’équipe de la Dre Dorothy Barthélémy, PhD, pht, et de la Dre Charlotte Pion, PhD, kin, montre l’altération des réponses musculaires, de la modulation du réflexe H et également des synergies musculaires mises en place pour répondre à des perturbations de l’équilibre debout chez des individus ayant une lésion de la moelle épinière incomplète. La mise en place de protocole d’entraînement combinant tâche d’équilibre spécifique et renforcement musculaire a permis d’améliorer l’équilibre debout de cette clientèle. Ces améliorations seraient principalement dues à une augmentation de la force musculaire, ainsi que de l’excitabilité corticale et cortico-spinale.
On comprend alors que la qualité des protocoles en réadaptation neurologique peut avoir un impact direct sur la plasticité de la voie cortico-spinale et l’excitabilité du cortex moteur postlésion et même sur l’amélioration motrice et fonctionnelle de la clientèle traitée. La connaissance des dernières données probantes précisant les conséquences d’une lésion du système nerveux central permet aux cliniciens d’optimiser la récupération fonctionnelle des patients. Il est donc incontournable de continuer les recherches sur les thérapies émergentes ainsi que sur les outils diagnostiques. Au-delà du transfert de connaissances, l’implication de la science dans les modalités de pratique est nécessaire pour l’efficacité et la précision des interventions en réadaptation neurologique.
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