Quoi faire avec la femme qui s’entrainait 15 heures par semaine et qui tombe enceinte?
Par Sarah Baribeau, Kinésiologue, M.Sc en périnatalité
Depuis plusieurs années, l’entraînement fonctionnel gagne en popularité. Les personnes actives qui pratiquent cet entraînement s’attendent à des résultats concrets qui seront normalement conséquents avec leurs objectifs. L’entraînement fonctionnel vise à aider le client à faire ses activités de la vie quotidienne sans se blesser.
La femme enceinte est une clientèle spécifique pour qui l’entraînement fonctionnel est hautement pertinent. Chez Bougeotte et Placotine, les objectifs sont :
• Éduquer et comprendre les attentes de la cliente
• Prescrire des exercices adaptés aux changements physiologiques en fonction des trimestres
• Assurer une excellente préparation mentale et physique en vue de l’accouchement.
• Optimiser la condition physique en préparation à la rééducation postnatale.
Mais qu’en est-il de l’athlète ayant l’habitude de s’entraîner 15 heures par semaine et qui tombe enceinte. Il n’est pas rare de voir à la télévision des images de femmes enceintes courant un marathon jusqu’à 8 mois de grossesse, ou une femme enceinte de 6 mois qui fait un épaulé-jeté. C’est bon ou mauvais? Optimal ou non?
Selon une entraîneure certifiée de Bougeotte et placotine, ça dépend…
D’abord, où en est-t-elle dans la prise de conscience et l’acceptation de sa grossesse? Accepte-elle que son corps va changer? Accepte-elle qu’elle devra ajuster l’intensité et le volume de ses entraînements?
En tant que kinésiologue, assurez-vous que cette prise de conscience est faite, sans quoi vous ne pourrez aider votre cliente. Vous avez un rôle majeur dans la promotion de la santé, alors n’exprimez pas de fausses promesses telles que : « Rien ne va changer », « Je peux vous aider à maintenir la même intensité d’entrainement ». Ces propos pourraient nuire à votre cliente et son futur bébé. Il est primordial que la femme enceinte soit informée sur les changements à venir et qu’elle les accepte. Votre meilleur argument pour qu’elle comprenne l’importance d’adapter ses entraînements, c’est de lui rappeler que c’est pour la santé de son bébé !
Maintenant qu’elle accepte cette éventualité, il faut tenir compte de la composante « compétition » dans la planification de son entraînement. Vous pourrez l’aider à maintenir le mieux possible sa condition physique et ainsi récupérer plus facilement suite à l’accouchement de sorte qu’elle puisse revenir plus rapidement à son sport. Toutefois, il est primordial de prescrire des exercices fonctionnels qui viseront à rééquilibrer la musculature superficielle, parfois hypertonique, et les muscles stabilisateurs profonds, souvent trop faibles.
Quoi faire?
• Cesser tous les exercices sollicitant les abdominaux superficiels. L’objectif est qu’ils soient forts, mais souples, car le ventre va grossir.
• Intégrer des exercices de mobilité en vue des changements posturaux.
• Travailler le diaphragme, le transverse, le plancher pelvien et les multifides. Ces muscles, ou le « core », sont importants dans la prévention des douleurs. Toutefois, ils pourraient être affectés par la grossesse et l’accouchement, alors vaut mieux commencer le renforcement prénatal.
• Diminuer les charges à lever et éviter la méthode Vasalva pour éviter une grande pression sur la ligne blanche et le plancher pelvien.
Vous êtes kinésiologue, vous avez une grande responsabilité d’éducation face aux femmes enceintes. Souvenez-vous qu’il est possible de créer des programmes d’entraînement adaptés aux athlètes et qu’il est nécessaire d’y ajouter des exercices fonctionnels. Gardez en tête que la performance peut se planifier sur du long terme mais pas une grossesse!
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